Contrairement à d’autres mammifères, les baleines ne possèdent pas de poils pour protéger leur peau. Même si elles passent peu de temps à la surface, les baleines peuvent-elles avoir des coups de soleil?
Mécanisme du coup de soleil
Les rayons ultraviolets (UV) sont responsables de ces fameuses brulures de la peau. Ils représentent environ 10 % de l’énergie lumineuse émise par le soleil, mais la couche d’ozone en capte une certaine proportion.
Les UV peuvent briser l’ADN, ce qui l’empêche de se répliquer normalement et mène éventuellement à des mutations. L’accumulation de mutations dans l’ADN est impliquée dans le développement des cancers de la peau.
Pour éviter les dommages permanents à l’ADN, la cellule peut soit le réparer ou s’autodétruire. Une réaction inflammatoire, le coup de soleil à proprement parler, favorise le processus de guérison et de renouvèlement de la peau.
Des baleines plus à risque que d’autres
Une étude publiée dans Proceedings of the Royal Society en 2010 a analysé les lésions de la peau causées par le soleil chez trois espèces dans le golfe de Californie : le rorqual commun, le cachalot et le rorqual bleu. Le risque de coup de soleil est-il influencé par la pigmentation de la peau ?
La mélanine, le pigment responsable de la coloration de la peau, protège contre les dommages du soleil en absorbant la lumière et en favorisant la réparation de l’ADN. Comme attendu, les rorquals communs, qui ont la peau la plus pigmentée des trois espèces, étaient moins atteints de cloques ou d’autres lésions liées au soleil.
Mais il n’y a pas que la pigmentation qui détermine le risque. Le temps d’exposition y est aussi pour beaucoup. Les cachalots remontent à la surface pendant sept à dix minutes entre les plongées alors que les rorquals bleus y passent seulement deux minutes en moyenne. De plus, les cachalots peuvent rester à la surface six heures à la fois pour socialiser. Ainsi, malgré leur pigmentation intermédiaire, les cachalots sont autant atteints que les rorquals bleus, à la peau plus pâle.
Des moyens de protection variés
Puisque les baleines ne peuvent pas réduire leur temps d’exposition, qui est directement lié à la respiration, leur corps a d’autres stratégies pour se protéger des rayons UV.
Chaque année, les baleines bleues migrent de leur aire d’alimentation estivale, où le soleil est moins intense, vers le golfe de Californie. Elles s’exposent donc de manière assez subite à des quantités importantes de rayons UV. Une étude publiée en 2013 dans Scientific Reports a montré que les rorquals bleus ont la capacité de bronzer pendant la saison hivernale. Leur quantité de mélanocytes, les cellules responsables de la production de mélanine, augmente en même temps que le nombre de lésions diminue.
Dans les heures qui suivent l’exposition au soleil, les cachalots produisent des molécules qui favorisent la réparation de l’ADN brisé par les UV, une stratégie qui a aussi été observée chez l’humain.
Qu’en est-il du béluga du Saint-Laurent ? Aucune étude n’a évalué l’effet du soleil sur cette espèce en particulier. Sa peau très peu pigmentée le rend probablement vulnérable au soleil, comme en témoignent des taches jaunâtres sur le dos de bélugas malades passant plus de temps en surface. Toutefois, à notre latitude, l’intensité des rayons UV est beaucoup plus faible qu’aux tropiques, ce qui diminue les risques de coups de soleil pour des bélugas en santé.